Je vais poursuivre le récit de manière plus conventionnelle…
En haut du Col de la Madeleine, je me suis arrêté 3 min chrono. Le temps de remettre le coupe-vent, jeter mes papiers dans une poubelle et recharger mes poches de nouvelles « réserves glucidiques ». Pour dire vrai, je n’ai même pas pensé à lever la tête pour regarder le somptueux panorama et le Mont Blanc qui, parait-il, trônait crânement devant moi. Ce que je peux seulement affirmer, c’est qu’il n’y avait qu’un autre cyclotouriste chargé comme un mulet, et un couple de Suisses qui partait en voiture.
Dès les premiers mètres de descente, le vélo a pris de la vitesse. C’était grisant ! 25 km de repos m’attendaient ! Le premier tiers était presque… jouissif ! Une vitesse élevée, une vue dégagée sur la route en contrebas, de jolies lignes assez longues. J’ai même rattrapé et dépassé les Helvètes partis avant moi. Et puis est arrivée une partie moins descendante, parsemée de quelques habitations, qui m’a obligé à reprendre le pédalage. Les voisins aux vaches mauves m’ont alors rattrapé… et dépassé ! Le dernier tiers était plus pénible. Rapide, certes, puisque j’ai encore retrouvé les Suisses, mais assez stressant du fait de l’état de la route. Des trous, des cailloux, de la circulation, des épingles, des sous-bois, bref, pas une partie de plaisir…
Arrivé en bas – en un seul morceau – j’ai retiré le coupe-vent et ai poursuivi la rando. Une vingtaine de kilomètres bien agréable, une petite route bordée d’une voie ferrée ;-), des villages ensoleillés, un faux-plat descendant… Du bonheur ! Je suis entré dans Albertville au milieu de la circulation matinale. J’ai dû composer avec des bus, des piétons, des voitures et des feux rouges. Une ville « normale », en somme…
Et puis rapidement, je suis arrivé au pied du col de Tamié. Il était environ 11h30.
La montée a été particulièrement difficile. J’ai senti un « début de crampe » dès les premiers mètres, mais la douleur a disparu rapidement. Ma vitesse était tout aussi ridicule que dans l’ascension de La Madeleine. Je me suis arrêté deux ou trois fois afin de m’alimenter. Il faisait déjà 27 degrés. La route était très collante, car recouverte d’un mélange de goudron fondu et de caoutchouc de pneu. De plus, la circulation était très dense et donc désagréable. J’ai mis 1h30 à grimper… Vraiment nul…
Un peu avant 13 heures, enfin, je suis arrivé à l’abbaye. Contraste saisissant avec ce que je venais de vivre : plus de voiture, une brise légère, un silence reposant. Tamié, quoi…
Je suis resté entre 20 et 30 minutes, le temps de retrouver mes esprits, mais aussi de passer quelques instants dans l’église. Ensuite je me suis installé à l’ombre et j’ai repris des forces en profitant de cet environnement. J’avais parcouru 90 km. Il en restait 70…
J’ai repris le chemin de la descente en faisant une pause à la case « fontaine » du Col de Tamié pour recharger l’un des bidon. Et j’ai mis le cap vers Aiton, en profitant encore de la pente, du paysage, des ralentisseurs dans les villages (Grrr !!!), des vaches, des prairies, etc…
A Aiton, j’ai pris la fameuse petite route vers Randens. Une côte terrible au vu de ce que j’avais déjà dans les jambes. Alors que je me demandais comment j’allais pouvoir rejoindre mon point de départ dans ces conditions, le vent m’a chuchoté de privilégier la nationale à cette route aux centaines de bosses, et m’a promis un petit coup de main. Après Argentine, je suis redescendu vers la N6. Une ligne quasi droite de 30 km. Des camions, des voitures, 32°C, un faux plat montant constant, mais… un bon vent de dos ! Les jambes tournaient même plutôt bien.
A 16h58, dernier coup de frein : j’étais arrivé rue Lambert à St Jean, à l’endroit même où j’étais parti 10h plus tôt…
Mission réussie ! Pour le bilan, on verra dans un prochain billet 😉 Ce qui est sûr, c’est qu’il y a des points à travailler, mais aussi que je suis « apte » à faire plus de 150 km dans un environnement montagneux. Et ça, ça ouvre des nouvelles perspectives…